• Une matinée parfaite

      

     Départ à 9h30. Je vais aux champignons avec l'Elfe. Traversée de la ville ou les arbres frémissent si doucement qu'on dirait qu'ils miroitent dans le soleil. Arrivée à 9h45 dans la Clape. Les Pyrénées brillent de blancheur dans le lointain. La longue traversée du bois de Moujan commence. Il va falloir allier l'utile à l'agréable car il fait une de ces matinées tellement céleste que je n'ai qu'une envie en cette dernière journée de 2014 : me poser dans un rayon de soleil, me défaire de moi et recevoir le monde : la lumière qui scintille sous la pinède, le vent du nord, délicieusement froid, qui joue et se laisse boire à larges goulées, une des sensations les plus exquises que je connaisse. Je m'arrête de temps en temps pour me remplir le cœur et l'esprit de silence, un silence dense, parfait, je regarde attentivement et entrevois le monde premier, le jardin d'Eden caché dans ce bois ou les pins, certains à moitié morts, d'autres malades, grincent au vent. Une lumière nostalgique, celle du premier jour du monde, m'appelle. Tout a l'air si ancien et si nouveau en même temps, et si fugitif, c'est très étrange. Et mystérieux !

    Je reçois ces dons à toute vitesse, subrepticement, car l'Elfe est industrieux : pas de temps mort dans la quête du champignon.). Et bénédiction, le croirez vous ? la Clape est truffée de pieds de moutons. Tapis sous la mousse, à flancs de talus inaccessibles, planqués au fin fond des fourrés, nous les traquons en poussant des cris de joie. Invisible en descendant la pente, révélée en la remontant, profitant du contraste clarté - ombre, voici la tribu Dupont au grand complet : une trentaine de champignons s'en allant à la queue leu leu. On vous aura les champignons ! Couchés à même le sol, nous rampons pour mieux les atteindre. On a le nez plein de parfums, ceux des champignons, des pieds de  romarins qui fleurissent à côté, de la mousse et de la terre humide. De temps en temps, lors de la marche, des ronces nous immobilisent, bras et jambes sont brusquement liés ensemble : c'est un piège sournois de guerilleros et de piquants, une tentative d'échapper à nos couteaux, mais rien ne nous arrête, - d'ailleurs l'elfe arrive à la rescousse, tailladant les ronces - pas même les dégringolades involontaires qui nous mettent le nez dans... une nouvelle famille de champignons. Quel bonheur !

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    De temps en temps je me redresse, et regarde le sommet des pins qui brille au soleil. Tout est parfait, on se sent aussi grand que l'univers, on se transforme en brise, en craquements boisés... Vraiment, quoi de mieux que la contemplation ? Une poêlée de champignons peut être !

    On rentre, des brindilles et des aiguilles de pin plein les cheveux, le visage griffé, les mains qui saignent : qu'importe, nous sommes des explorateurs, des hobbits, des elfes, des créatures de la forêt. Il faut maintenant préparer tous ces petits champignons. Certains seront séchés, (ceux qui jaunissent et qu'on sauvé du pourrissement), d'autres mis en conserve (persil + ail + vinaigre doux + aromates au choix), d'autres encore congelés et les derniers, mangés sur le champ. Oui, nous avons aussi un estomac.

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    les gourmands peuvent cliquer pour agrandir : régalez vous !


    Au menu ce jour : petites pommes de terre aux lardons, pied de moutons à la crème, filet de truite braisée.

    Et pour accompagner ce qui est mon premier déjeuner de 2015, (et poursuivre le rêve éveillé d'hier) un vin relativement doux, jeune, doré comme la lumière du jour. Il s'appelle la Clape, tout simplement. Quoi d'autre ?

     

     

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