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Le maître de la Place
Aussi indépendant que Snoopy, entre désinvolture, confiance en soi et errance, Willow, jack russel vieillissant, arpente son domaine et promène son existence sous l’œil de tous.
Il frôle la via Domitia, déambule le long du passage de l’Ancre, remonte la rue Droite, pousse, plus rarement, jusqu’à Viollet le Duc, reniflant paresseusement, remuant mollement la queue, clignant des yeux en levant la tête. Aucune odeur ne lui échappe, aucun inconnu n’échappe à son regard, même s’il parait indifférent.
Puis, d’un air las, il s’assied. Vaguement, épisodiquement, intéressé par quelques congénères, qui de temps en temps viennent le saluer, il réagit à peine, car il a tout vu, tout senti. Il traîne ses 16 ans, ses 10 kg et un air dédaigneux de patriarche. Il sourit peu. Aboie rarement. Ou jamais !
Se couche dans une flaque de soleil, s’endort quelquefois. Au milieu de la place de l’hôtel de ville, face à ce palais des archevêques dont les arabesques et la splendeur ne l’émeuvent pas. Willow n’est pas un touriste, il est ici chez lui, sur ses 2 600 m2 de pavés. participant aux évènements, en spectateur discret, en marcheur blasé.
De temps en temps, il lâche une crotte, sans s’inquiéter de qui ramassera. C’est là son privilège : crotter face au palais des Archevêques.
Le voilà qui se remet à slalomer entre les chaises de la terrasse du petit Moka, ou du Soleil Noir. Et quelquefois, il disparaît des jours entiers. En cure de repos ?
C’est un chien, le meilleur ami de l’homme dit-on. Mais surtout son propre meilleur ami. Pas fou.
Un maitre ? Mieux encore, Willow, c’est le Roi de la place !