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Les dits de Maurice Janin
Entre flamboyance et retenue, esquisse légère et trait plus appuyé, les peintures de Janin s'inscrivent dans ce courant que l'on appelle l'art abstrait, cet art purement occidental, un peu hermétique, dont seuls osent parler les connaisseurs, et les enfants peut être...
Mais l'artiste est en mesure de nous parler, un peu, de lui. Et l'on peut se rapprocher, un peu, de sa vision du monde, un peu de l’œuvre qu'il accomplit. Le décalage qui existe toujours entre le « public » et l'artiste se réduit car nous sommes touchés, d'une façon ou d'une autre, par le don de soi qu'il nous fait, en nous restituant une partie du talent dont les dieux l'a comblé. Quand même !
Une alternative s'impose à moi : soit privilégier la forme et assujettir la peinture au dessin, soit émanciper la peinture en l'affranchissant du tracé
Formes, non formes, on s'attend pourtant, à chaque instant, à voir surgir des montagnes stylisées, des arbres esquissés, des étoiles, des mondes parallèles. On les voit, même. Il n'est plus question de vide, ou de plein, de toile ou de pinceaux : C'est un endroit où tout est possible, un lieu où souffle le vent qu'on ne voit pas, où le rien est tout et vice versa, où l'artiste et son œuvre ne sont plus qu'un seul et même aboutissement.
Je fais le choix de laisser la peinture s'épanouir et rayonner.....libérant ainsi le geste, la lumière et la couleur forte et triomphante
La splendeur des couleurs nous étreint le cœur une fois dans la galerie car ce qui nous est montré est unité. Mais au delà des couleurs, on lit une histoire qui se déroule entre le peintre et son désir, entre lui et son âme, entre sa spiritualité en mouvement sur la toile qui ponctue le vide, en rythmes, en pesanteur et légèreté et la main qui tient le pinceau. Une affaire privée, individuelle. Une Vérité personnelle indicible.
Chaque point retrace un travail, une recherche, une quête ; des chemins se révèlent. Ici et là, une présence plus dense, plus colorée supporte un ballet aérien d'univers pleins, entiers, totalement faits d'Esprit, à la fois hors de portée et très proches, inconnus et connus. C'est beau. C'est vrai. C'est tout. C'est aussi très bizarre.
Aujourd'hui, toujours en quête de liberté je me révèle chaque jour surpris et émerveillé que l'espace intérieur soit infini.
Petits points et petits traits. Microcosmes et macrocosmes. Rouges et verts et jaunes et bleus. De cet infini qu'il finit par atteindre, puisqu'il en est parti, de là où il se tient, le peintre, à travers de drôles de constellations, ponctuées de sphères parfaites, - et pourquoi, quel ce mystère ? - esquisse une intérieure et personnelle cosmogonie nous laissant entrevoir des univers plus grands que lui. Ces univers plus grands que nous et que, à notre grand désarroi souvent, nous contenons tous en nous.
Qui sommes nous, d'où venons nous et où irons nous ? Nous ne lui répondrons pas à ce Maurice Janin, ce magicien plus grand que nous.
Un grand merci à AMJaumaud pour cette exposition sublime, qui soumet à rude épreuve nos esprits si primitifs, et qui nous offrent ces moments de découverte et d'apprentissage. Des moments dont on se souvient longtemps avec émotion.Je me répète mais c'est une chose bien étrange, bien mystérieuse, et inouïe, que le talent.
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