• Jean Xhristophe Alix, le Faune joli

       J.C. Alix par Olivier Delobel, sculpteur 

    Jean Xhristophe Alix, le Faune joli

      

    Il a l'allure et le charme d'un faune, l'humour discret mais acéré et lucide de celui qui regarde le monde depuis son propre univers, des doutes qui ressemblent à des certitudes. Il parle de son travail, de ses coups de cœur artistiques, de lui, avec le ton tranquille de celui qui sait que le silence fait partie de la conversation et qu'être pris au sérieux, ou non, est d'égale valeur.

    Et s'il semble désabusé, voire cynique, c'est pour mieux rire de lui. A la question : pourquoi l'artiste fait il des choses, à quel besoin cela correspond-il ? Il vous répond tranquillement : eh bien, ça occupe, en attendant la mort. Une réponse de maître ! Je crée mes œuvres pour moi, ajoute t'-il,  je les montre par politesse. Et il y a des personnes qui trouvent quelqu'agrément à ce que je fais.

    Alors, qui est ce Jean-Christophe Alix ? D'abord quelqu'un qui a toujours su qu'il serait artiste et que ses parents ont très tôt encouragé. Explorateur de supports très divers, plasticien, il peint sur toile, (il a obtenu le premier prix de peinture de l'Académie des Beaux Arts de Bruxelles), travaille le bois, le bronze ou le fer, dessine, photographie.

    C'est aussi un perfectionniste : il cherche à traduire exactement ses visions, (si elles sont nettes, c'est qu'elles doivent être réalisées simplement, avec facilité) sinon elles demeurent idées, révélations non accouchées. Il crée alors, sur d'autres thèmes, d'autres idées, et puisqu'il faut vivre, propose des tirages de gravures au caractère synthétique marqué par l'Expressionnisme et qu'il nomme ses "récréations graphiques" (à la librairie CAMUS, rue de la Major).

     

    Jean Xhristophe Alix, le Faune joliJean Xhristophe Alix, le Faune joli

      

     

      

      

      

      

      

      

      

      

      

      

     

     

     

                         Linogravure                                                                                   Xylogravure

     

     Jean Xhristophe Alix, le Faune joli

      

    "Gravures légères"

       

    Jean Xhristophe Alix, le Faune joli

      

    "Anatomie comparée"

    Mais là où il donne toute sa mesure, où son génie se révèle dans toute son amplitude, c'est dans la sculpture. J.C Alix c'est surtout et encore, un sculpteur. Sculpteur de bois, de métal, avec bois ou métal. Et s'il joue en amateur dans une batucade*, photographie des objets, joue de la guitare, et escompte flirter ave le violoncelle, c'est pour mieux tenir le coup. Toutes ses activités participent d'une seule chose : l'Art.

    Mais que dire de ses sculptures ? Géantes ? Mystérieuses ? Frappantes ? Si le privilège du profane, c'est de pouvoir dire toutes les idioties qui lui passent par la tête face à un drôle d'objet, et ce, avec d'autant plus de bonheur que l'artiste ne les entendra jamais, il doit aussi regarder avec attention ce qui lui est proposé. Car c'est la moindre des politesses.

    Sculpteur certes, mais aussi conteur malgré lui, et esthète séducteur. Son œuvre en témoigne : Casanova dans sa prison l'émeut et l'inspire : « Surbais(s)er »: créée pour illustrer l' exposition off sur Casanova, est une œuvre qui nous plonge d'abord dans l'étonnement, voire l'incrédulité ! Franchement, qu'est ce que cet objet ? Une loufoquerie ? Une grosse boite ? Une commode ? Non, c'est une sculpture audio et stéréo : des gémissements s'en échappent, pour évoquer le pont des soupirs où fut emprisonné ce brillant et polémique Vénitien, mais ce sont ceux de personnes prisonnières de leurs sens ! Et brusquement, on ré - entend toute l'histoire de Casanova. Comme c'est drôle !! Surprenant ! C'est extraordinairement puissant, et à mon humble sens, une mise en scène inégalable d'une œuvre littéraire. Une des œuvres les plus extraordinaires que j'ai pu voir à ce jour !

    En voici la vidéo : Attention, c'est un peu osé (éloignez les enfants qui sont toujours là où il ne faut pas !!!). Vous noterez sur la coursive (au dessus de l’œuvre) l'apparition du faune. Un peu comme Hitchcock dans ses films : un Maître vous dis-je !

      

    Surbais(s)er",   Mis en ligne par l'Ecran local

      

    Voici une autre sculpture, mystérieuse à souhait. J'ignore ce que c'est et peu importe finalement, car si l'artiste ne peut nous dérouter, nous happer dans une fantasmagorie, à quoi sert-il ? Il nous suffit de recevoir, comme on peut ! Et de réfléchir (ou critiquer, ouais sé nin porte koua) dès qu'il a le dos tourné !

    Jean Xhristophe Alix, le Faune joli

     

    "Subir", cèdre recouvert de plomb , 24 x 92 x 79 cm, 2010 : minimalisme et occupation de l'espace avec discrétion mais détermination (ici à la galerie A.M. Jaumaud, rue Benjamin Crémieux)

     

    Ces objets sculptés, généralement gigantesques, parlent de conquête spatiale, conquête douloureuse peut être, s'apparentant comme ici à Mayronnes à une dérisoire pénétration environnementale, pénétration un peu incertaine,  où l'espace, transformé, transforme l’œuvre à son tour ; mais ils s'y inscrivent quelquefois plus harmonieusement comme "Sic transit", ce bateau en fer qui flotte tant bien que mal sur l'eau  !

      

    Jean Xhristophe Alix, le faune joli

    "Volume polysémique"  (4 m) - Chemin de Mayronnes 

      

    Jean Xhristophe Alix, le Faune joli

    "Sic Transit" -  métal - 4m

     

    D'une grande érudition, paré d'humilité et de modestie, vertus si rares que les imbéciles confondent avec l'insignifiance mais dont, paradoxalement, il pâtit, de Jean-Christophe Alix, beaucoup (des artistes eux aussi, et des amateurs d'art) disent qu'il devrait être mondialement connu, que ses œuvres sont d'une grande puissance et que c'est un des très grands, sinon un des seuls artistes sur la place locale. Un artiste à découvrir par soi même, dont on ne cherchera pas forcément à comprendre l’œuvre, mais à connaître, comme on quête la recherche de soi, de l'autre, avec humilité mais perplexité, et une franche envie de rigolade. Car l'Art peut provoquer la joie. En profane, pour tout dire !

    Œuvre d'art lui même, il ressemble au goéland de Baudelaire : ses ailes de géant l'empêchent de marcher. D'ailleurs il ne se déplace qu'à bicyclette.

       

    Après ce long dithyrambe, qui n'engage que l'enthousiasme de l'auteur, laissons JC Alix parler de JC Alix et délectons nous de sa prose cioranesque, avant de visionner une large palette de ses œuvres !

     Jean Xhristophe Alix, le Faune joliJean-Christophe ALIX

    Sculpteur / plasticien Vit et travaille dans l’Aude


    (Veuillez d’avance pardonner ce prologue)

    Combien vaine et douloureuse est la tentative d’explication, par l’actant lui-même, de son travail ! Conçue dans l’informulé, dans l’indicible, dans l’instinctif, la dynamique d’élaboration de sa propre création lui est souvent cryptée et trop labile pour être clairement verbalisée, démontrée... dépecée ! Las ! l’artiste propose les effets, mais on lui en réclame la cause !...

    C’est donc dans la crainte du discrédit que je me résous à proposer le présent texte :

    Aspirant à la beauté inhérente à l’expression de l’essentiel, et adepte du « less is more », je revendique une simplicité formelle menant à une certaine radicalité dans ma création plastique. Des surfaces simples, des volumes élémentaires constitutifs de l’œuvre déploient, issu d’une étonnante alchimie, un spectre de sens qui en fait des objets polysémiques.

    Ce que je donne ainsi à voir est la résultante d’une concaténation concrétisée en un signifiant épuré induisant un signifié ouvert, (bien que succombant parfois à la tentation ludique de faire de « l’art pour l’art », en règle générale un message thématique originel est le moteur créateur aboutissant à l’élaboration de la pièce, même si j’accorde au regardeur la liberté de voir en elle la projection de ses propres images mentales). Pour leur exposition dans le ruisseau, les pièces, agies par leur lieu d’implantation, sont conçues pour y faire sens, laissant l’insoupçonné se déceler dans leur minimalisme...

    Jean Christophe Alix - juin 2011

       

    Et si vous n'avez pas tout compris, Jean Christophe, généreux,  a bien voulu nous donner à voir une partie de ses œuvres ; les voici, en diaporama. Installez vous confortablement, cliquez pour agrandir, ouvrez bien les yeux et régalez vous !

      

        

    Photographies fournies aimablement par Jean Christophe Alix

      

    En vous priant de pardonner mon inculture, je me permets de me donner quelques définitions pour relire le texte

    labile : qui est sujet à tomber (pétales labiles). Larousse

    less is more : il vaut mieux peu que trop, l'excès en tout nuit, 1 tien vaut mieux que 2 tu l'auras (!!), etc...

    polysémique : qui a plusieurs sens

    Spectre : fantôme, mais aussi palette, gamme, éventail !

     

    * batucade : groupe de tambours

     

    Jean Xhristophe Alix, le Faune joli

     

    « Un mois tout rond A l'est, à l'ouest , au sud ! »