• Hymne à la joie Européenne

       Hymne à la joie Européenne

     L’œuvre est célébrissime. Ludwig, tentant de s'extraire d'un destin accablant, compose, sur   un  poème de Friedrich Von Schiller, la 9ème symphonie se concluant par l'hymne à la joie.

    Pour ceux qui ont oublié l'air, voilà un petit extrait vidéo de 3 minutes chantée en espéranto allemand sous la direction de C. Abbado :

      

      

    Beethoven parle ici pour l'homme qui « veut combattre le destin et accéder au bonheur », idée chère à l'Europe puisque sa vocation initiale fût de fédérer les nations du continent pour éviter les guerres. A l'écoute de l’œuvre, on comprend mieux pourquoi elle a choisi cette Ode comme hymne rassembleur. Rassembleur en partie seulement puisque à ce jour, elle n'a pas été capable de choisir des mots communs, malgré les versions proposées. Trop occupée par son existence économique ?

    Écoutons le quatrième mouvement, entendons et réjouissons nous ; si nous le pouvons (ici, joué par le chœur symphonique de Chicago - durée 25'02)

    Voyez ce groupe de joyeux lurons, paniers de pique nique à la main, robes claires et chapeaux de paille partant pour trouver la merveilleuse clairière dont on leur a donné, vaguement, la direction ; la clairière de la joie ou l'on pourra s'étendre, rire, s'enivrer ? Tous partent d'un pas résolu, qui subitement, devient lourd, emphatique, qui s' arrête, pour vérifier que l'on a tout pris, que c'est bien sur le sentier du milieu qu'on s'engage. C'est le bon. Un petit frétillement introduit alors une marche qui se fait subtilement erratique à 1'28. Le pas se fait flâneur, allant, venant, trépignant d'impatience. Mais la quiétude s'installe (3'07), le sentier s'élargit et se fait doux sous les pieds, l'esprit se berce d'une plénitude chimérique, se coule dans ce calme provisoire, cette certitude d'arriver. D'ailleurs le pas s'affirme, devient presque martial. On s'enlise un peu par endroits, car il a plu récemment. Mais oui c'est le bon chemin, souquons ferme ! A 6'48, sans méfiance, sûres d'elles, voici les voix qui s'élèvent, reprenant en chœur l'espoir du début. Pourtant le son déraille un peu dirait on, il devient martèlement, affirmation de l'incertitude, et la cacophonie pointe. Et soudain, c'est le drame ! Le joyeux groupe est perdu (10'37).

    On recommence tout, on piétine un peu et le labeur reprend : partons nous à la guerre ou à la recherche de la joie ? Va t'on renoncer ? (13'47) Non., on essaie encore, jusqu'à la fin, de trouver le chemin de la joie, par la prière, la supplication, les pleurs. La souffrance est là, réelle ; c'est un exode dans le désert, un requiem, une bataille. De joie, point. Beethoven le sait d'ailleurs, lui qui note sur sa partition non, pas ça, puis ; pas ça non plus ! Ce n'est là qu'une farce ! Trouvons quelque chose de plus beau, de meilleur ! De la recherche oui, de la souffrance, des cris, de la cacophonie, du labeur, oh oui ! Du labeur qui jamais n'atteint à la délivrance, à la récompense.

    La flânerie s'est transformée en chemin de croix ; de guerre lasse, ils finiront sur un talus quelconque, un consensus ombragé, affirmé haut et fort.. Le vin et la compagnie aidant, ils se satisferont de la joie trouvé, celle qui remplace la remplacée, la joie qui change quand elle voit un changement .

      Hymne à la joie Européenne

    l'Europe ressemble fort à cet hymne : celle qui veut combattre le destin funeste est aussi celle qui l’accomplit. Elle s'enlise dans les contradictions, augmentant la misère à coup de subventions, favorisant l'iniquité à force de lois irréalistes, succombant sous le poids de la tâche qu'elle a entreprise. Elle n'appelle nullement à la joie, à l'intelligence, au cœur ou à l'éducation. D’où viendra le secours ? La quête paraît difficile, la guerre se profile à l'horizon d'une nation nouvellement acquise à l'Euro, les cris de détresse et de colère se font entendre de plus en plus fort. La joie est loin encore. Mais la monnaie unique est sauve et tinte, tinte !

     

    La joie ? Beethoven la décline malgré lui dans cette petite sonate nommée « la tempête », où, alors qu'on s'attend à entendre l'angoissant déchaînement de la nature, chante le joyeux gazouillis du ruisseau qui court sous la mousse. Et là oui, c'est un vrai hymne à la joie. Léger, soyeux, vivifiant, comme la joie.

    Un petit extrait (7 mn) par Wilheim Kempff, la version que je préfère (malgré la petite fausse note à la fin) avec celle d'Eleonore Prestwick. Bon, vous pouvez préférer Glen Gould qui la joue en 5 mn. (sur you tube)

    Cette subjective compréhension de l'œuvre n'engage que son auteur....

      

      

    Source images : portée et drapeau européen : Google images

     

    « La beauté du MordorAu feu ! Au feu ! Oriental brasier ! »