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Gouttes de lumière au Lindo Café
Felouques - huile sur toile
Angélique Comet expose ses œuvres depuis le 19 décembre, et jusqu'au 4 février, on peut découvrir, voir et revoir ses toiles. On peut aussi la rencontrer au Lindo où elle parle avec passion des thèmes qu'elle choisit de traiter, avec le naturel que confère l'amour de la beauté sous toutes ses formes et le besoin de la traduire.
Angélique aime les fées, les sirènes, les paysages romantiques, la mer, les gens brillants et généreux. C'est une véritable romantique, une héritière en esprit du 19ème siècle, une femme qui vit dans son univers propre, capable de créer sa propre mythologie. Elle sème sur ses pas, dans la traversée de sa vie, des chansons, des poèmes, des tableaux...et des robes fabuleuses. Ils sont peu nombreux, ceux qui savent créer des mondes. Angélique s'est créé le sien, un univers fantasque, ou elle édicte ses propres règles, un monde où règne l'art de la courtoisie, dans lequel elle vit et qui rayonne d'elle, ce qui explique l'étonnement et le ravissement qu'elle suscite souvent autour d'elle.
Cette liberté totale qui la définit transparaît dans sa peinture : les règles picturales utilisées ici sont avant tout siennes, résolument non académiques. Les personnages, souvent en filigrane, doivent être devinés, à moins qu'ils ne surgissent de la toile, et poussent le regard spectateur à scruter littéralement le tableau pour y découvrir successivement objets, créatures et secrets. Le sujet traité est posé sur la toile là ou elle le décide, car elle traduit son idée, son inspiration en toute personnelle fantaisie, ce qui peut choquer le regard du puriste qui passerait par là. Mais qu'importe ! Il s'agit de don.
Antibes La fée des eaux
L'étang
A Quillan, pont vieux pont bleu
Des bleus à agencer au gré de son humeur
Et si les Jaunes, ou les Bleus évoquent davantage un monde fait de féérie et de légèreté, les Rouges en revanche transmettent des contenus bien plus denses.
Les Rouges d'angélique sont comme les livres qu'il faut feuilleter pour en connaître le contenu. Ils se décryptent, cachant de sombres drames, des drames anciens issus de la mythologie, oubliés mais toujours actuels : la menace du Minotaure, Persée délivrant Andromède, l'enlèvement de Ganymède, le désir, la peur, la victoire de soi sur le monde, la réflexion...
Là encore, le regard doit s'accommoder, s'approfondir, jouer de la lumière qui baigne ou non le cadre, car il ne s'agit pas d'effleurer la toile d'un œil distrait si l'on veut y découvrir le récit en arrière plan, fondu dans le rouge. Non, il faut appréhender, voir et prendre.
Le Minotaure (détail)
On devine à peine ici la chevelure de Ganymède, ou les troncs d'arbres, dans ce tableau intitulé Les bois sombres
Pointillisme, art abstrait et naïf accompagnent une quête personnelle, faite de souffrance et de mémoire, mais aussi d'exigence envers soi même, de jeu et de gaieté à la fois*.
Préfiguration du sommeil : Dyonissos Taurus Narbona
L'homme, tel le poète, donne libre cours à sa fantaisie, disait Pic de la Mirandole, mais les choses les plus profondes se cachent sous son verbiage léger.
Ces tableaux là sont comme ça ; des tableaux apparemment légers qui titillent l'esprit comme le vent sur la peau. Une sensation, quelle qu'elle soit, qui perdure, de toute façon.
* Et pour un regard complémentaire sur l'artiste qu'est Angélique Comet, l'excellent article d'Id' Hérault signé par OYV, ici
Au Lindo café, rue du 1er mai, Narbonne, jusqu'au 4 février, avec, formule inédite, de nouvelles toiles en cours d'exposition.
Photos : avec l'aimable autorisation d'Angélique Comet