• 2116, centenaire du Musée de la Romanité

    Article rédigé par le midi romaniteux pour le centenaire du Romanum, le XII juillet 2116.

    2116, centenaire du Musée de la Romanité

     

    Un siècle plus tard, on parle encore de cet évènement que fut la création du musée de la Romanité. Les Urbanistes Enragés, enfants de la crise et de la désespérance sociale,  enragés de déforsterisation, prenant le pays en otage, commença son œuvre de nationalisation en Pulcherrima, première capitale romaine hors d'Italie. Le musée serait construit sous leur direction. Les travaux commencés en septembre 2015 eurent un retentissement mondial, provoquant scandales et débats à qui mieux mieux car :

    Primo : aucune entreprise de maçonnerie ne fut requise, aucun cabinet d'architectes ne fut participant. Seuls, les collégiens furent sollicités par le biais de concours pour déterminer  la forme à donner au musée.

    Deuxio : ceux qui érigèrent ce musée furent réquisitionnés de force parmi les chômeurs, déshérités et errants de la ville et de la région... et rétribués en nourriture. Des batailles s'élevèrent entre le premier fossoyeur de l'emploi, à savoir l'Etat,  pole emploi, assureurs, et syndicats, qui évoquaient les droits de l'homme à rester chômeur, mais, terrorisme ambiant et panne de modèle économique et politique aidant, les urbanistes l'emportèrent, arguant qu'il s'agissait d'une œuvre économique et solidaire.

    Tertio : une brochette de politiciens régionaux kidnappée par des types fort décidés, fut  tenue au secret  et dû négocier avec l'état pour préserver sa vie, permettant ainsi la réalisation du projet. Ce qui leur permit d'ailleurs de se rendre utile pour la première fois de leur carrière. Nous ne les remercions donc pas. Le peuple d'ailleurs, lassé de la non gestion gouvernementale, assoiffé de sang impur, fatigué de constructions laides et onéreuses alors qu'il n'avait plus de beurre pour les épinards, fit fort bon accueil à  ces virils évènements...

    Le musée de la Romanité était initialement prévu comme ci dessous : évidemment laid, banal, déprimant, onéreux bien sûr, (+ de 44 millions d'€ plus  les impondérables € liés à ce type de chantier, car le sous sol de Pulcherrima Narbo regorge de musées)

     

    2116, centenaire du Musée de la Romanité

    Machin carré sans intérêt et mensonger (voyez le nombre de marches de l'escalier  descendant vers le canal douteux,  une passerelle qui va vers on ne sait où, des arbres géants surgis du néant )

     

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     Déprimante valorisation des blocs de pierre sur des étagères Ikea, etc...

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    Des locaux quelconques, des gens en tenue de plage dans tous les coins

    Norman Foster fut donc prié d'aller s'encadrer ailleurs... avec ses simulations, et le musée qui devait porter l'horrible appellation de Muréna, (Musée gional de Narbonne Antique)  changea de nom : Musée Romain ayant fait l'objet de contestation de la part des Italiens,  on l'appela Le Romanum, nom à forte connotation qui fit l'unanimité. Par dérision, on le surnomma "musée du On en a Plus qu'à Nîmes."*

    Un journal de l'époque annonçait un mur monumental en grès de 108 mètres de long et 7 mètres de haut qui s'étire comme un doigt vers le passé. Pour pointer que l'’époque romaine a marqué la région pour toujours le long de la Via Domitia. Un trait d’'union entre les 500 ans de présence romaine et le XXIe siècle.  Mais personne n'avait envie de ce genre de doigt dans le paysage, et il fut décidé de lui donner la forme, bien plus esthétique, d'une villa urbana, une villa romaine, pour rester dans le ton, et les 2000 blocs de l'ancien  musée Lapidaire, composant les anciens remparts, plus ceux éparpillés dans la zone industrielle, constituèrent un pourtour de la villa, étalée sur les 8 765 m2 offerts par le terrain. 

      

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            On hésita entre ceci,                              ceci,                                                et cela 

    2116, centenaire du Musée de la Romanité

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     et on mixa le tout !  

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    On fit, des quelques 20 000 objets divers ramassés à travers la ville, des mini labyrinthes, pour que les visiteurs s'y perdant se sentent intensément romains, on y organisa des courses aux flambeaux et des grillades, et des lions fatigués y furent promenés en laisse par des intermittents du spectacle portant toges et sandales.   

     Le sol, très meuble, soutient désormais une construction légère, élégante, les blocs stabilisant le tout. L' impluvium, bassin central, cascade gentiment vers la Robine. Par économie, et bon sens, aucun entrepôt n'a été créé, les œuvres pouvant rester à l'air libre. Un film lipidique spécial les protège des aléas climatiques. Le musée est tout de même pourvu d'une salle de restauration pour les œuvres  et pour les humains, et d'une bibliothèque richement pourvue en documentation.

    Certains blocs sculptés, reconstitués en colonnes, jalonnent le contour de l'atrium   et autres déambulatum et constituent un péristyle du plus bel effet. Nous sommes dans une maison romaine qui ne désemplit pas depuis 100 ans. Les locaux adorent y venir, les touristes s'y précipitent, certains de trouver une véritable atmosphère du passé où nos technologies ne déparent pas : projections holographiques, animaux virtuels, combats d'arènes et confort romain. 

    On raconte qu'aux premiers temps de cette réalisation si simple et si originale, les italiens, jaloux vinrent en masse visiter ce monument. Les  espagnols (nombreux) résidents exigèrent un Palais de la Musique narbonnais, les derniers cathares (deux ou trois) exigèrent la réhabilitation de tous les châteaux du coin, et les arabes (encore plus nombreux)  menacèrent de tout faire sauter si on ne leur construisait pas une mosquée sur les hauts de Narbonne. A ces derniers fut répondu que seuls les bâtiments à vocation touristique étaient tolérés.

    Mais ceci est une autre histoire.

      

     

    infos plus :  lurioaddl.com   

    photos musée Forster : http://www.fosterandpartners.com/

    villas romaines : Google images

     2116, centenaire du Musée de la Romanité* Nimes : travaux débutés en 2013, livraison prévue en 2016. Musée dessiné par Elizabeth de Portzamparc :

     

    « Les gargouilles veillent... »